Migrations et mobilités

Mohamedali Ltaief (Dali) et Darja Stocker, Allemagne/Tunisie

Mohamedali Ltaief est un artiste visuel, vidéographe et performer, diplomé de l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis, master en Philosophie moderne à l’Université de Tunis. Il est également co-fondateur du groupe d’art conceptuel Ahl-Al Kahf, qui s'est notamment adonné à la performance urbaine et le street-art pendant les deux premières années de la “Révolution Tunisienne”. Entre 2013 et 2016 Ltaief a travaillé comme performeur dans la pièce Caliban Cannibal avec l’actrice Italienne Silvia Calderoni et sous la direction de la compagnie théâtrale Motus. Caliban est inspiré de Une tempête de Aimée Césaire et est en tournée en Europe depuis 2013 dans le cadre du projet animale politico 2011>2068. Fin 2016, Ltaief a reçu le Prix Al Mawred Al Thaqafy // Beyrouth pour la production du film documentaire Philosophale Rebulic (Bartgeier Produktionen). En mai 2017, il est invité à une résidence de Creation a Ballhaus Naunynstr Berlin. Son travail était exposé et présenté dans le National Museum of the 21st Century Arts (Rome), Haus der Kulturen der Welt (Berlin), Santarcangelo dei teatri (Rimini), Black box Theater (Oslo), Biennale Spielart (Munich), entre autres.

En savoir plus : www.m-ltaief.com

La mobilité des paroles et des images

A Cassis, Dali a entrepris des recherches liées au concept de Michel Foucault sur la rareté et la "géographie mouvante", dans le but d’écrire une pièce de théâtre. Les dernières lignes frontalières à Lampedusa en forme de grillages dissimulent des anthologies, images et formes de discours populiste autour de la peur. Elles représentent les nouvelles pratiques sécuritaires impériales face à une nouvelle multitude de diaspora mixée et mondialisée. La guerre apparaît comme une forme de domination géo-politique mais aussi géo-linguistique et esthétique. Les voyages des proses et des icônes, ainsi que des images et des discours traversent les narrations des arts produits par la structure du monde contemporain. "L’étranger", comme le conceptualise le philosophe Arabe Abû Hayyân al-Tawḥîdî (XXème siècle), ainsi que les réflexions de Foucault  sur le Dehors-intérieur, habitent le travail de Dali. Son oeuvre se construit autour de questions essentielles : comment les discours sur la peur sont-ils produits et utilisés ? Comment l’extrême droite allemande occasionne des mythes et stéréotypes sur les étrangers de la nation ? Comment ces discours sont reliés à l’idéologie salafiste sur les questions de la peur ou sur l’idée de "l’autre", "l'étranger", "le lointain", "l'inconnu"...? Dans leur approche artistique, Mohamedali Ltaief and Darja Stocker s’intéressent aux discours dominants créateurs de valeurs, tendances politiques et mouvements sociaux. Même si l’art tente de bousculer ces récits, les discours artistiques tombent souvent dans le piège de les reproduire ou de les magnifier. 

Dali et Darja étaient en résidence à la Fondation Camargo du 6 avril au 2 mai 2017, en partenariat avec le Goethe-Institut.