L’Art est une Boxe : De la performance, du politique.

L'équipe

  • Julie Peghini +

    Anthropologue, réalisatrice, maître de conférences

    Julie Peghini est anthropologue et réalisatrice, maître de conférences à l’université Paris 8, membre du CEMTI. Elle travaille sur les rapports entre les arts et le politique dans les Afriques et l’océan Indien (elle est l’auteur du livre Ile rêvée, île réelle : le multiculturalisme à l’île Maurice, 2016). De 2018 à 2021, elle a codirigé avec Dominique Malaquais un projet de recherche-création, Yif Menga,  sur la performance dans les Afriques. Ensemble, elles ont co-construit un cycle d’événements, parmi lesquels le festival Afriques : Utopies performatives à la Cité internationale des Arts ( septembre 2021). Insurrection du verbe aimer (2019), autour de la poésie et de l’héritage contemporain de l’écrivain Sony Labou Tansi, est son premier long métrage documentaire. Julie est directrice adjointe de l’Ecole universitaire de recherches EUR ArTeC, un lieu de formation et de recherches consacré à l la création.  

  • Zora Snake +

    Danseur, chorégraphe, artiste performeur

    D’origine camerounaise, fondateur du festival international MODAPERF, de l’espace Labo-Modaperf (laboratoire de recherche artistique et de fabrique des futurs imaginaires), et créateur de l’association artistique la Compagnie Zora Snake, Il est auteur de plusieurs œuvres artistiques et chorégraphiques connues telles : « Transfrontalier », « Je suis », « Au-delà de l’humain », «  Le départ », « Les séquelles de la colonisation »… est l’un des artistes les plus prometteurs de la scène contemporaine actuelle en Afrique.

    Il a remporté le 3 octobre dernier, les Golden Artistic awards, organisés par Brukmer magazines à Bruxelles (Belgique) après avoir été lauréat en 2019, premier prix Acogny d’or du concours chorégraphique Africa simply the Best de Bobo Dioulasso (Burkina Faso), visa pour création en 2017. Il a été en résidence pour son projet « Les masques tombent » dont il a été lauréat 2020-2021 du Goethe Institut. Il est en ce moment dans la nouvelle création chorégraphique de Serge Aimé Coulibaly intitulée « Wakatt » en tournée 2022-2023.

    De son vrai nom TEJEUTSA qui, en sa langue traditionnelle Yemba de l’ouest du Cameroun, veut dire « une personne ayant une forte empathie», Zora Snake est aussi chercheur et formateur.

    Après ses recherches en danse à l’école de sables (Sénégal), à l’espace Sony Labou tansi (Congo-Brazzaville), l’espace Njara’art (Madagascar), au Burkina-Faso et ses multiples rencontres avec des chorégraphes d’Afrique Francophone, de multiples collaborations artistiques internationales, il devient créateur de ses propres projets au Cameroun et à l’international.

    Venant également de la rue, du milieu Hip-hop, il s’inspire de son territoire et de ses origines. A travers une danse engagée, poético-politique, accompagnée la plupart des temps par des textes d’auteurs connus et parfois écris par l’artiste lui-même, ses créations témoignent des sujets les plus préoccupants de notre temps actuel.

    Un travail profond sur la quête de soi à travers la réappropriation culturelle (pratique artistique et rituelle), Zora Snake prête son corps comme lieu de confrontation pour rebondir et dépasser tous les clivages Nord-Sud. Les multiples défis auxquels l’artiste fait face au sein du territoire camerounais, en Afrique et en Europe relèvent de l’action de créer des œuvres et de les transformer dans l’espace public et dans des lieux inappropriés pour faire bouger les esprits et briser les frontières mortifères et les préjugés de notre époque.

Le Projet

  • «Transfrontalier» +


    Une performance de Zora Snake est intitulée « Transfrontalier ». L’artiste y pose une question fondamentale : Comment s’affranchir des frontières ? 

    Et, en quête de réponses, expose dans l’espace public son corps, traversé par les espoirs, les douleurs, les obstacles jalonnant le parcours de ceux que nos politiques, souvent pour les dénigrer, nomment les « migrants ». Conçue comme une enquête artistique, cette performance dansée interroge frontières réelles et imaginaires, géographiques et mentales, aussi bien en Europe qu’en Afrique. Accompagné de textes lus de dramaturges et de poètes et d’une bande-son qui fait entendre des discours politiques sur les migrations, « Transfrontalier », dit Snake, veut « lutter pour bouger les esprits ». 

  • Description du projet +

     

    Bouger les esprits. Tel est l’objectif du projet que Zora Snake et Julie Peghini proposent dans le cadre de la résidence à Camargo. Ensemble, l’artiste et la chercheure souhaitent poser les jalons d’un ouvrage collectif consacré aux processus de boxe-création de Zora Snake.

    Leur dialogue a pour focale une réflexion autour de la performance comme moyen de créer des espaces communs de contestation, de réflexion et de collaboration – espaces qui transcendent les frontières, tant physiques que disciplinaires.

    L’ouvrage aura pour titre L’art est une boxe : de la performance, du politique. Il s’y agira de penser, via le travail de performance de Zora Snake, les possibles d’un monde débarrassé de barrières qui, en cette troisième décennie du troisième millénaire, vont s’accumulant, scindant de plus en plus radicalement un monde que nous vivons de moins en moins en commun. Proposition multiforme,  l’ouvrage réunira entretiens, essais de chercheurs, billets et fictions, ainsi qu’un important corpus photographique.


    Si l’œuvre « Transfrontalier » sera centrale au livre, elle n’en sera pas la seule focale. Trois projets clés – dont un, « Les séquelles de la colonisation », est lui-même en trois parties – structureront la proposition, projets qui tous ont pour thématique le mouvement : mouvement de corps, d’objets et d’espoirs au présent et sur la longue durée. Corps de « migrants », on l’a vu, mais aussi d’esclaves, de travailleurs forcés, de prisonniers politiques ; objets d’art et de rituel pillés à l’ère coloniale et, depuis, soumis à une immobilité muséale leur ôtant force, possibles et devenirs ; espoirs de liberté (liberté de mouvement, liberté de parole) entravés mais aussi réappropriés…