Carole Rieussec and Antonella Bussanich

Musicienne et artiste vidéo, France et Italie

  • Carole Rieussec +

    Musicienne, France

    Les compositions de Carole Rieussec sont tissées de sons électroniques, de voix, de silences. Dans son atelier, elle passe d’un synthétiseur analogique, à la manipulation et à l’enregistrement de matériaux quotidiens (papier, polystyrène, gobelets, clous ect). Elle part souvent à la rencontre de femmes afin d’enregistrer leurs paroles. Elle aime aussi la présence sonore animale : chiens, mouches, pigeons, coqs, guêpes … Cette hybridité l’enchante. Carole passe ensuite beaucoup de temps à trouver l’agencement spatial et sonore permettant à ces mondes de coexister dans un langage, une poétique. Depuis quelques temps, elle compile des oeuvres de musique électronique composée par des femmes compositrices de la même génération que les « grands maîtres » de la musique électronique et concrète. Cette contre histoire active une archéologie sonore qu'elle complète à la fois sous un mode radiophonique, documentaire avec la rubrique wi watt’heure sur le site de Revue & Corrigée, et d’autre part sous un mode compositionnel et performatif avec le solo FAR EST, dans lequel musique électronique et paroles de femmes artistes tissent une sorte de « folklore expérimental ». La pièce Fragiles abstractions, en duo avec la plasticienne Antonella Bussanich viendra faire résonner certaines notions philosophique issues de ces recherches féministes, elle prolonge également la démarche posée par « l’étonnement sonore » : construire des objets poétiques qui émanent d’interrogations socio-philosophiques.

  • Antonella Bussanich +

    Artiste, Italie

    Les vidéos d'Antonella Bussanich ont toujours comme départ des images simples, elle filme ce qui est, qui existe déjà, capte des moments, des actions, des gestes et conserve les séquences dans leur intégralité, elle garde le continuum. Le rapport à la durée, au temps qui passe sont des éléments essentiels de son travail, la vidéo lui offre la possibilité de mémoriser le flux du temps présent, de l’isoler de son contenu spatio-temporel immédiat. L’intensité et l’unicité du geste restent fondamentaux et elle donne donc beaucoup plus d’importance au moment de la captation avec la caméra qu’au travail de manipulation avec l’ordinateur. Elle se prépare, attend longuement, mais filme avec parcimonie. L’objectif de la recherche qu'elle s'est fixé avec Carole : celui de vouloir explorer l’aller retour entre le réel et l’abstrait, entre le formel et l’informel, entre la lumière et le son, lui semblent cohérent avec certains sujets qui l’intéressent depuis toujours, c’est à dire le « moment de passage entre un état et l’autre » et l’évolution comme « flux continu en éternelle transformation ». Avec Fragiles abstractions, elle continue à développer le type de dispositif qu'elle a commencé à utiliser dans la première performance : une petite vidéocaméra connectée à un petit (ou plusieurs) vidéo-projecteur portatif qui projette en direct les images produites sur le vif ainsi que divers dispositifs qui restent visibles au public. Elle travaille à partir d’une matière initiale plus inconsistante possible, comme par exemple le reflet, la lumière, l’ombre, la transparence.

Fragiles Abstractions

L’un des aspects de cette recherche en duo est d’expérimenter un processus d’abstraction « mouvant » générant des objets provisoires, fragiles lié à l’invention de dispositif sonore et visuel. Kandisky dit « J'appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l'artiste. » A contrario, le désir d’Antonella Bussanich et de Carole Rieussec est de donner à percevoir une trace de cette réalité, comme en transparence des objets créés. Que les mains, celles qui filment et celles qui jouent le son soient perceptibles par le spectateur/la spectatrice. Que le monde trouve un écho sensible dans la forme géométrique, le son électronique. Carole Rieussec et Antonella Bussanich puisent dans les recherches féministes, que ce soit dans le domaine de l’anthropologie, de la philosophie ou de la musicologie pour générer de nouvelles approches de l’art abstrait. Dans la performance, Carole et Antonella rendent poreuses les frontières entre concret et abstrait, formes figuratives et formes pures, musique tonale et bruitée, musique concrète et musique électronique ... « Ce sont nos corps féminins qui déclenchent ces cycles de transformations, de glissements, ils modifient de ce fait la perception du clivage concret/abstrait ».

Carole Rieussec et Antonella Bussanich étaient en résidence à Camargo du 11 au 21 janvier 2016, en partenariat avec le GMEM.